Avons-nous besoin de la 5G ?
Outre les potentiels dangers et la question des futurs prestataires, la technologie 5G n’est-elle qu’une énième innovation ou une véritable révolution qui va bouleverser nos modes de vie ? Et en a-t-on vraiment besoin ?
 
 
 
5G : Un chiffre et une lettre sur toutes les lèvres. Cette nouvelle génération de connectivité sans fil est destinée à remplacer demain le symbole de la 4G en haut de nos écrans connectés. Huawei, Ericsson, Nokia, la question des futurs prestataires des opérateurs mobiles français se pose en toute légitimité, tout comme celle des potentiels dangers numériques qu’elle engendrerait. 
Mais au-delà de ces aspects, un des points fondamentaux ne réside-t-il pas dans l’utilité même de cette nouvelle technologie ?
 
La 5G n’est-elle qu’une énième innovation ? Ou une véritable révolution numérique et, par extension, une nouvelle révolution de nos modes de vie ?
 
► Quels progrès ?
Parmi les changements promis, celui d’améliorer le confort de vie individuel avec, entre autres, des vitesses de téléchargement bien plus rapides. Concrètement, quand charger un film sur votre mobile prend aujourd’hui quelques minutes en 4G, il ne mettrait que quelques secondes en 5G. Plus significatif, la 5G aurait la capacité de connecter cent fois plus d’objets dans un même périmètre et de connecter ces objets entre eux. Elle profiterait donc majoritairement aux industries et entreprises dans un premier temps. Des télécommunications à la télémédecine en passant par les banques ou l’agriculture, ces fonctionnalités concerneraient tous les secteurs. « Le but, c’est de réorganiser les modèles d’affaires pour faire des chaînes logistiques de proximité moins “impactantes” et plus optimisées. À long terme, ces dispositifs transformeront en profondeur la manière de travailler des entreprises, surtout en B to B (d’une entreprise à l’autre) », explique Gilles Babinet, entrepreneur et vice-président du Conseil national du numérique.
 
→ EXPLICATION. La 5G, à quel prix ?
 
Un rapport du MIT, institut de recherche américain spécialisé dans le domaine de la technologie, décrivait en 2017 que ce basculement serait comme passer « de la machine à écrire à l’ordinateur ». Parlant quand on saisit l’écart entre les deux mondes… « La 5G est une boîte à outils mondiale qui offre de multiples possibilités de développement. Elle permettra de nouveaux services en quelques heures, là où il faut plusieurs semaines aujourd’hui. Prenez par exemple deux ouvriers qui travaillent sur une éolienne endommagée à quatre-vingts mètres l’un de l’autre. La 5G leur permettra d’échanger des données ultra-précises en un rien de temps, et même de les partager avec une troisième personne à distance », détaille Bertrand Guilbaud, directeur général de l’Institut de recherche technologique b-com.
 
► Quels bénéfices ?
Un rapport de la Fondation Concorde, laboratoire d’idées français indépendant, paru fin juin, indique que les revenus supplémentaires annuels liés à la 5G pourraient atteindre 238 milliards de dollars par an en 2035 et générer 400 000 emplois sur le sol français. Au sortir de la crise sanitaire liée au coronavirus et à l’aube d’une crise économique, ces prévisions en font rêver plus d’un. Mais comment s’assurer de la fiabilité de ces indications quand, à titre de comparaison, la grande distribution, l’un des plus importants secteurs d’embauche français, emploie 600 000 salariés ?
 
► Quel impact sanitaire et environnemental ?
Face aux décisions gouvernementales désireuses de rattraper le retard de la France sur le sujet, des voix s’élèvent contre le manque de précisions sur l’impact environnemental et la santé des usagers. Au cours de l’année, l’association Agir pour l’environnement a déposé un recours devant le Conseil d’État demandant « un vaste débat social et une évaluation environnementale », aux côtés de Priartem, ONG « ondes-santé-environnement ».
 
En effet, comment être certain que ces innovations seront sans danger quand l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, ne publiera ses conclusions qu’en 2021 ? « Le but, c’est de ne pas foncer sans résultats précis. Il faut donner aux agences le temps de faire leur travail », explique Stephen Kerckhove, délégué général de l’association citoyenne. « L’enjeu de la 5G c’est de stimuler les échanges, l’offre créée le besoin. C’est un terrain sur lequel il y a beaucoup de questionnements. Je voudrais qu’on ose entrer dans ce débat où la société peut interroger les innovations technologiques », soutient- il.
 
En effet, le déploiement de la 5G va nécessiter l’installation de nouvelles antennes relais, tout comme le remplacement de nos téléphones portables. Ces changements produiront une forte empreinte carbone, mais c’est l’augmentation de la consommation de données à grande échelle qui aura le plus d’effets sur l’environnement. Avec la 5G, les utilisateurs pourraient consommer jusqu’à 200 gigaoctets par mois, contre environ 5,6 aujourd’hui. Ce qui correspondrait à des centaines d’heures de vidéo en streaming.
 
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Écologie et transformation numérique sont-elles compatibles dans un monde touché par l’urgence climatique ? « Il y a une méconnaissance de la part de la population française des enjeux technologiques et scientifiques. En fait, la technologie numérique est décisive pour faire la transition écologique et mieux utiliser les ressources. L’impact carbone premier sera marginal comparé aux gains futurs. L’idéal serait une alliance entre Pierre Rabhi et Elon Musk », s’amuse Gilles Babinet. Tant de questions, et peu de certitudes face à un avenir numérique à fort potentiel.
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